Les femmes préhistoriques étaient-elles soumises ?

Le 26 mars 1872, Émile Rivière, un médecin passionné par la préhistoire – terme encore récent à l’époque – découvrait un squelette complet, fossilisé dans la grotte du Cavillon, située au-dessus de Menton, dans les Alpes-Maritimes. Les ossements étaient massifs, robustes. Le crâne, coiffé d’une résille de coquillages. Aussitôt, sans trop se poser de questions, le Dr Rivière baptisa ce squelette "l’homme de Menton". Cent ans plus tard, au musée de l’Homme, à Paris, la paléoanthropologue Marie-Antoinette de Lumley, passant régulièrement devant ce fossile vieux de 24 000 ans, était intriguée. Pour elle, ce bassin était très féminin… Et elle avait raison ! Après un examen approfondi du squelette effectué en 1988, "l’homme de Menton" se révéla en réalité être une "femme de Menton". Que l’on baptisa alors Dame du Cavillon, du nom de la grotte…

Les études d’ADN fossile le prouvent : les femmes étaient robustes...

"Pour les préhistoriens du XIXe siècle, un squelette robuste et richement orné ne pouvait être que masculin, explique la préhistorienne Marylène Patou-Mathis (autrice de L’homme préhistorique est aussi une femme, éd. Allary, 2020). Il fallait calquer sur la préhistoire le modèle de la société masculine et patriarcale de l’époque. Il a fallu attendre la fin de la Première Guerre mondiale pour que quelques archéologues s’intéressent à la femme préhistorique. Mais c’est seulement à partir des années 1950 que des préhistoriennes commencèrent à faire valoir quelques travaux sérieux." Par ailleurs, ajoute la chercheuse, "aujourd’hui, encore 60 % des squelettes du Paléolithique n’ont pas fait l’objet d’études sur leur sexe, faute de temps et de moyens". Difficile, dans ces conditions, d’attribuer à l’un ou l’autre genre des tâches précises… Sans compter que la période du Paléolithique, s’étendant sur 2,5 millions d’années, concernait des sociétés très différentes les unes des autres.

Pourtant des découvertes récentes ont permis d’affiner le rôle des femmes dans les sociétés préhistoriques de la fin du Paléolithique et du Néolithique. Sapiens ou néandertaliennes, elles étaient particulièrement robustes, nous apprennent de récentes analyses d’ADN fossile. D’autres études, biochimiques, ont déterminé que leur régime alimentaire était identique à celui des hommes : elles mangeaient autant de viande, de baies et de racines qu’eux. "Elles avaient donc accès aux mêmes ressources, résume Marylène Patou-Mathis. Par ailleurs, rien n’exclut leur participation à toutes les activités du clan, la fabrication d’outils et d’armes. Aucune preuve archéologique ne peut attester que les femmes ne chassaient pas."

Les vénus, des amulettes pour se protéger durant l’accouchement ?

L’archéologie a d’ailleurs apporté de nouveaux enseignements. Ainsi, la découverte de plusieurs tombes d’il y a 9 000 ans, en 2018, dans les Andes péruviennes, par l’archéologue américain Randall Hass, a permis de comprendre qu’à cette époque du Néolithique, les femmes bénéficiaient de la même considération que les hommes. Dans une des sépultures, un squelette reposait au milieu d’un impressionnant ensemble d’armes et d’outils en pierre, ainsi que de lames taillées pour abattre le gibier. Surprise, après étude, l’individu s’avéra être une femme. L’archéologue découvrit ensuite que, parmi les tombes de chasseurs exhumées sur ce même territoire, 30 à 50% renfermaient des squelettes de femmes.

Les surprises viennent aussi du côté de l’art pariétal. Longtemps, les fresques rupestres furent attribuées aux seuls hommes. De nouvelles études laissent plutôt penser à une création partagée. Sur les parois de la grotte du Pech Merle, dans le Lot, l’analyse, en 2011, de mains peintes entourant deux remarquables chevaux dessinés en pointillé ont révélé qu’elles appartenaient à des femmes. Deux ans plus tard, une étude menée par l’anthropologue américain Dean Snow est allée encore plus loin, affirmant que 75 % des mains pariétales peintes sur les grottes appartenaient à des femmes (une hypothèse qui ne fait pas l’unanimité au sein de la communauté scientifique).

Et que dire des fameuses vénus paléolithiques aux formes pleines, parfois disproportionnées, dont la création fut d’office attribuée à des hommes ? "On sait aujourd’hui que 90 % des figures humaines de l’art préhistorique sont féminines, précise Marylène Patou-Mathis. On peut envisager qu’elles aient été sculptées justement par des femmes comme amulettes protectrices lors des grossesses et des accouchements."

La condition féminine s'est détériorée à cause de la sédentarisation

Peut-on considérer que nos lointaines ancêtres étaient les égales de leurs congénères masculins ? L’archéologue Anne Angereau (autrice d’Une préhistoire des femmes, à paraître en 2025, éd. La Découverte) met en garde contre toute généralisation : la tendance était plutôt, à partir de la fin du Paléolithique, "celle du patriarcat". Et de préciser que depuis l’apparition des néandertaliens, "les hommes semblent avoir le monopole des armes létales".

La condition féminine se serait nettement détériorée à partir du Néolithique (10 000-2 200 avant notre ère). En cause, la sédentarisation. "Une nouvelle hiérarchie s’installa, explique-t-elle. Et même si les deux genres ne se virent pas aussitôt attribuer des rôles différents, le changement d’économie, lié à l’invention de l’agriculture, toucha petit à petit les femmes : les biens ont dû commencer à être gérés et ce sont plutôt les hommes qui s’en sont chargés." La sédentarisation expliquerait aussi une explosion des violences domestiques, qui, pense la chercheuse, n’avaient pas cours au Paléolithique.

Ils disent que ce sont des présupposés et clichés masculins entretenus par les premiers savants qui étaient au XIX siècle tous des hommes bourgeois et souvent cathos voire des prêtres qui projetaient leur mentalité genre la femme au foyer fragile sur des époques antérieures ! La Gauloise et la Scandinave , rien à voir avec la femme grecque ou Romaine , par exemple ! Les Amazones et cavalières des steppes , fantasme ou repoussoir des grecs ou des romains ou bien réalité historique ? Certains squelettes de femmes ressemblent à nos sportives de haut niveau ! Y a aussi des tombes de guerriers qui sont des guerrières ! ECT .... 

Ce sont les fameuses iles de Polygamie ?